16.4.19 : Notre-Dame en feu
Les conducteurs de camions filent à tout-va en jactant le dos courbé, sûrement pas de Notre-Dame qui brûle.
Plus loin les prostituées qui guettent les automobilistes, pourtant dans l’axe de la fumée qui s’élève jusqu’en haut du ciel, n’en ont pas grand chose à faire non plus, il faut surtout gagner sa croûte.
Au restaurant, cette famille avec les petits-enfants en vacances, commande des steaks frites coca pour les petits et des couscous avec rouge marocain pour eux. Ils parlent de quelqu’un qui a eu un accident de moto. Les flammes toujours consument l’édifice.
Et les gens regardent Games of Thrones à la télévision et aiment bien. La charpente du 12e siècle, dite “la forêt”, part en fumée.
Mais ces cœurs malgré tout ne sont pas insensibles, la vie les anime c’est tout, tout comme la vie qui a décidé de se faire Notre-Dame. C’était peut-être son destin.
Silencieuse, vieille, sourde comme Quasimodo, géante, la doyenne de tous. Elle a offert un spectacle pyrotechnique inégalé, elle s’évapore dans des flammes d’un autre temps, de celui où on endurait les coups sans broncher. Le bois des arbre du 8e ou 9e siècle, idéal pour la combustion. Les flammes gothiques, le combat de flammes d’un bâtiment gothique en train de convulser dans la nuit.
Et les gens faits d’organes, avec leurs yeux ronds et mouillés, regardent la bête agoniser comme un taureau habillé en torero.
La cathédrale demain sera-t-elle aussi belle qu’un Friedrich ? Aussi gothique qu’un bâtiment gothique dans la city moderne ? Le moyen âge expire, se tord, sort de mes pores.
Devant les yeux incrédules des agents marketing, des touristes amréricains et japonais et des enfants de ceux qui ont connu la guerre. Nos ancêtre peut-être travaillaient le bois, coupaient les charpentes mais on ne sait plus rien, la transmission ne s’est pas faite.
Pour l’heure c’est la bête superbe, admirée de tous, qui meurt et qui s’emmêle les pinceaux dans toutes ses époques, dans toutes ses langues, c’est le volcan qu’on croyait endormi qui se réveille pour mourir. C’est le passé qui remonte, c’est un voyage dans le temps, le choc des Titans, la modernité qui tue, à coups d’échafaud-âges et de téléphones portables qui déconcentrent.
Le trésor du passé qui respirait encore, doucement mais sûrement. nous crache son dernier souffle. Ca nous apprendra.