11.8.12 : Arles
"Terrasse du café le soir", la toile de Van Gogh peinte à Arles, me faisait rêver. Adolescent, ce bleu nuit, ce jaune de lumière électrique, cette perspective qui annonce l’Expressionnisme ne pouvait que me plaire. Une sorte de rêve éveillé. Et puis, le nom de Arles, ville inconnue du sud, la simplicité du vocable, sa rigidité, les quelques toiles de l’artiste des champs alentours.
Passage dans cette petite ville, arrivée au hasard sur ce café, nommé aujourd’hui Le Café la nuit, ou Café Van Gogh, je n’ai pas bien compris. Sa beauté est un peu surfaite.
Bien sûr ils jouent sur le prestige du lieu, sur la cryogénisation qu’a opérée Van Gogh. Sans doute Les 2 Moulins, le café d’Amélie Poulain est-til condamné au même destin.
Vague entretien des teintes d’alors, jeu des 17 erreurs avec le café peint en 1888. Mais il est là, à la fois beau et grossier. Un serveur à la coupe iroquo-crooner, en t-shirt Pepe Jeans moulant son corps bronzé et musclé attend le client, le plateau au bout du bras. Une petite serveuse dont je ne vois que les longs cheveux bruns et les coudes halés entre d’un pas vif à l’intérieur où l’on devine le bar lounge.
Terrasse du café le soir, en plein jour et en plein dans le mille, en marge du marginal qui en fit le prestige.